Maguitte raconte

small_maguite-guillou-a-raconte-la-voie-chaotique-et-semee_3290650_419x330p.jpg

Maguitte  TANGUY ,  épouse  GUILLOU : Une vie de citoyenne laïque

Maguitte est née à Paris le 19 mai 1930. Elle fréquente l’école laïque de la République jusqu’à ses 7-8 ans à Paris. Son père est brocanteur et un vent de libre penseur règne dans cette famille. Pour sa culture générale, sa mère lui fait lire cependant  la Bible,  Michelet (1 chapitre par soir).

De santé fragile, ses parents l’envoient chez une tante à Morgat pour être soignée. Elle fréquente l’école à Crozon pendant une année scolaire. 1940 …la guerre éclate, c’est l’exode, elle se réfugie à Locmaria Plouzané et loge en pension chez Madame Ellouet à Pen-ar-Menez. Il n’y a pas d’école publique de filles à Locmaria à cette époque. Ses parents doivent donc demander une dérogation pour que Maguitte soit admise à l’école communale des garçons. Elle raconte que pendant les récréations, elle disposait d'un banc que les garçons ne pouvaient approcher. Elle ne pouvait pas se mêler aux garçons en classe également.

Dès 1938, l’école publique ferme ses portes par manque d’élèves. L'école St Joseph vient de s'ouvrir dans laquelle grand nombre d’enfants de la commune sont scolarisés. La pression du clergé est forte dans le Léon à cette époque. Le directeur de l’école publique, Monsieur Stéphan, continue malgré tout à donner des cours gracieux à quelques enfants dont Maguitte qui les suit de 1939 à 1940. Par la suite, sa maman refuse qu'elle poursuive sa scolarisation chez les sœurs, Maguitte est déscolarisée durant 2 ans. Il faut attendre 1942, pour que Maguitte reprenne sa scolarité, et pour cela, ses parents l’inscrivent en pension à l’école publique de Landerneau. Le lycée de Brest avait été transféré à Landerneau. Après cette année scolaire, retour à Locmaria où Maguitte suit les cours de Mlle JIGOUIK avec 3 autres camarades, d’abord à Pen-ar-Menez, puis au château de Queleren. C'est un parcours scolaire et familiale chaotique pour cette petite fille.

En 1946, la guerre est enfin finie, Maguitte retrouve Paris où tout l’émerveille, tout est à découvrir : les arts, la musique, la culture … Trop âgée pour réintégrer une école, elle suit avec bonheur des cours d’anglais, de danse classique, de dessin, puis se met petit à petit à travailler avec ses parents, brocanteurs. A l’occasion de vacances à Locmaria, elle rencontre Roger, un Brestois. Ils se marient civilement en octobre 1953. Une première dans ce bourg rural qui ne passe pas inaperçue !!

En 1955, elle est à l’initiative de la demande de réouverture de l’école publique à Locmaria. Un effectif de 5 élèves est le minimum pour ouvrir. L’année suivante, la règle change, il faut rassembler 8 élèves … le projet n’aboutit pas. La population est partagée et ne voit pas la nécessité d'une école publique et laïque. Certains enfants sont scolarisés à Plouzané au publique. L'institutrice de Plouzané de cette époque est la maman de l'actuel directeur de Keriscoualc'h., Jean Marie Kerbiriou. Elle accueillait les enfants pour le déjeuner dans sa propre cuisine. Il faudra attendre 1970 pour que l’école publique ré-ouvre ses portes, les temps ont changé, de nombreux citadins se sont installés sur la commune.

Maguitte vécut à Brest, mais garda un pied à terre à Locmaria pour pouvoir voter et payer ses impôts sur la commune. A partir de 1955, elle se présente 2 fois aux élections municipales, en individuel. Elle est préoccupée par l'aspect social et souhaite faire rentrer sa commune pleinement dans ce XXème siècle. La pauvreté sévit encore durement, l'après-guerre est en période de rationnement même dans les campagnes. Elle participe à toutes les manifestations de défense de la laïcité. En 1970, elle met enfin l’école publique sur les rails avec une poignée de parents d’élèves.

Son intérêt pour la culture et le sport la pousse à ouvrir un cours de gymnastique dans le sous-sol de la mairie … un peu vétuste. Une quarantaine de femmes la rejoigne sous peu d'années. En 1972, elle crée l’amicale laïque autour d’activités diverses : pétanque, tricot, course à pied …  Toutes activités demandant peu de moyen mais qui crée du lien. Elle aurait aimé monter une section  théâtre. Il faudra attendre une trentaine d’années pour voir Maguitte sur les planches à l'amicale. Elle vient de les quitter il y a peu !!

Maguitte a participé activement à la vie associative, défend toujours ardemment la laïcité, elle s’intéresse à l’évolution des effectifs  dans les 2 écoles. Cette femme a toujours été animée de passion pour sa commune et a défendu les valeurs de la laïcité. Nous lui avons rendu hommage le 9 Février. La ligue de l'enseignement lui a remis une médaille pour son parcours exemplaire.

D'après les notes de M.H Bégoc

Photos du 9 Février 2017 - Maguitte

small_2017_02_09_1.jpg

small_2017_02_09_8.jpg

small_2017_02_09.jpg

small_2017_02_09_10.jpg

Article du télégramme 12 Février 2017 :  Ici